Ils ont fait leur « rentrée » au Comité du cœur !
Dans les coulisses du Comité du cœur, le conseil d’administration œuvre au quotidien pour soutenir les créateurs et créatrices dans les moments de fragilité. Parmi ses membres, Marie-Jeanne Serero et Erick Benzi ont fait une « rentrée » spéciale en 2025 : l’une y fait ses premiers pas en tant que vice-présidente, le second vient passer le cap de sa première année au sein de cette joyeuse équipe de bénévoles. Rencontre croisée avec ces deux artistes aux parcours singuliers mais unis par une même conviction : celle d’une solidarité active et essentielle dans le monde de la musique.
Pouvez-vous vous présenter et raconter vos parcours respectifs ?
Marie-Jeanne : Je suis compositrice pour le théâtre et le cinéma principalement. J’étais également arrangeuse pendant trente ans pour l’industrie du disque, dans des styles extrêmement divers, allant de la pop/rock au rap. Et puis, depuis près de quarante ans, j’enseigne la composition de la musique à l’image et l’orchestration au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP). Et puis, bien sûr, je suis aussi membre du Conseil d’administration du Comité du cœur dans lequel j’entame mon deuxième mandat avec joie.
Erick : J’ai un parcours assez classique finalement, j’ai commencé dans un groupe qui s’appelait Canada dans les années 1980, dans lequel j’étais compositeur. On a eu un petit succès, ça a duré une dizaine d’années et ensuite j’ai commencé à faire de la réalisation pour différents artistes. Quand j’ai rencontré Jean-Jacques Goldman, je n’ai plus eu à aller chercher du travail, les gens venaient me voir parce que ça avait bien marché. Donc j’ai passé trente années à faire de la réalisation, des arrangements, à écrire des chansons.
Pourquoi avez-vous souhaité vous engager auprès du Comité du cœur ?
Marie-Jeanne : Le Comité du cœur, ce sont d’abord des rencontres. Quand on rencontre Arlette (NDLR : Arlette Tabart, présidente de l’association) et toutes les autres personnes engagées qui constituent le Comité, c’est très motivant. Ce qui m’a touchée ensuite, c’est de sentir qu’on s’intéressait sincèrement à l’humain en prenant en compte toutes les étapes de sa vie et de sa carrière. Nos métiers sont magiques quand on peut en vivre, mais ce n’est pas toujours le cas. Au Comité, on accompagne dans les moments de fragilité, et on le fait avec efficacité, sensibilité et humanité.
Erick : Adhérer au Comité du cœur m’a semblé logique dès que ça a commencé à marcher pour moi. On sait que c’est toujours un peu la galère dans ce secteur et ça ne coûte pas grand-chose d’adhérer mais en réalité, je n’ai même pas réfléchi à ce que ça coûtait. Je vois passer la cotisation sur mes relevés de droits d’auteur mais ça fait partie des choses normales, comme une cotisation sociale qu’on aurait choisie. J’ai le privilège d’avoir des droits donc c’est bien de pouvoir aider les autres. A l’époque, c’était un peu une évidence, mon entourage était également adhérent. On nous disait « Voilà, le Comité du cœur existe, est-ce que vous voulez y participer ? » et on disait oui.
Et puis, il y a quelques années quand j’ai commencé à m’investir davantage à la Sacem, j’ai vu les missions du Comité de plus près et ça m’a intéressé.
Erick, vous avez fêté en avril votre première année de mandat en tant qu’administrateur, comment décririez-vous vos missions au sein du Comité ?
Erick : Nous avons, au sein du Conseil, la Commission Chevalier qui se réunit tous les mois pour parler des cas particuliers, des gens qui sont en demande d’aide. On voit passer des cas particulièrement compliqués, parfois de personnes qu’on a connues dans le passé et qui se retrouvent maintenant dans des situations très difficiles. Alors, on se réunit en comité et on réfléchit ensemble à comment on va pouvoir aider cette personne, et je trouve ça sain. Nous, on se réunit pour attribuer des aides financières mais il y a également un travail d’accompagnement social avec un suivi par l’assistante sociale du Comité qui accompagne les personnes qui en ont besoin. On se rend compte que l’âge est aussi un facteur de risque, c’est plus difficile de faire des tubes à 80 ans. Et puis, il y a aussi les personnes étourdies qui oublient qu’il faut payer certaines choses… Quelles que soient les situations, on réfléchit à la façon dont on va pouvoir les aider.
Marie-Jeanne, cette année, vous avez été élue vice-présidente de l’association, en quoi vos missions ont-elles évolué ?
Marie-Jeanne : Tout d’abord, je remercie les personnes qui m’ont fait confiance, c’est un grand honneur. Ce rôle demande d’être très présente, de lire tout ce qui doit être lu et d’assister à toutes les réunions en analysant les dossiers avec une très grande vigilance. J’ai la responsabilité d’être pleinement investie pour ne pas manquer des informations qui pourraient être utiles pour les artistes en demande. Je dois être au courant, me tenir informée des dispositifs qui sont mis en place pour protéger les personnes en difficulté. A partir du moment où on s’engage pour le Comité, c’est qu’on a cette fibre sociale.
Je suis heureuse de voir que ce ne sont pas que des paroles mais que les personnes sont sérieuses dans leur travail et s’intéressent à la vie des gens dans les moments les plus difficiles. Le Comité intervient dans un grand panel de situations, on accompagne les personnes âgées mais aussi leurs aidant·es. On est aussi là pour les personnes endettées, pour les personnes qui ont des frais imprévus, il peut y avoir des accidents de la vie, des problèmes de santé ou encore des catastrophes naturelles. Donc on se renseigne pour savoir comment on peut faciliter les démarches des personnes qui se retrouvent parfois démunies. Ce qui m’intéresse, personnellement, c’est l’efficacité – les mots, les jolis cœurs ça ne me suffit pas. C’est ce suivi personnalisé des personnes en difficulté qui fait que, bien sûr, j’adhère 1 000 fois.
Avez-vous un souvenir en particulier qui vous a marqué depuis que vous êtes membre du Comité du cœur ?
Marie-Jeanne : Tout me touche parce que ce sont des histoires de vie. On s’aperçoit que les accidents de la vie peuvent arriver à chacun et chacune, à des amis, à moi. J’aime savoir qu’on propose des solutions pérennes. Ce n’est pas seulement une petite aide et après on oublie les gens, ce ne sont pas simplement des rustines. C’est un suivi qui permet d’accompagner dans la globalité, on ne laisse pas les gens seuls, on les suit sur plusieurs années.
Erick : Ce qui me touche vraiment au sein du Comité du cœur, c’est le fait de voir à quel point tout le monde fait preuve de d’humanité sans jugement de valeur. A mes yeux, ce qui est important aussi, c’est de voir une équipe soudée qui travaille dans la bonne humeur. Cette solidarité me touche beaucoup. On est bénévole, personne n’est obligé d’être là, pourtant, on passe du temps à étudier les cas compliqués et ça nous ramène aussi à notre propre réalité. J’aime voir des gens de passion, des musiciens et musiciennes qui se réunissent dans un but social, c’est beau. D’ailleurs, c’est l’essence même de la musique : le partage. On donne à quelqu’un et on reçoit en retour. L’action du Comité n’est pas décorrélée de ça, elle est directement liée à la musique. On fait de la musique pour rendre les gens heureux, on va sur scène pour donner, pour partager avec un public. Et nous, on se réunit pour se demander comment on peut faire pour s’entraider avec l’argent collecté grâce à nos droits d’auteur. Je trouve que cela a vraiment du sens.
Que diriez-vous aux personnes qui hésitent à adhérer au Comité du cœur ?
Marie-Jeanne : Je dirais de ne pas hésiter, que tous les artistes devraient raisonnablement s’inscrire et faire partie du Comité, ça ne peut que nous parler. On devrait s’inscrire à la Sacem et au Comité en même temps. Car ça peut servir à des collègues, des amis mais aussi à nous et ce n’est vraiment pas grand-chose en proportion des droits d’auteur. Il faudrait que ce soit une évidence. Et je sais que derrière, Angela (NDLR : Angela Alves, Déléguée générale de l’association), Arlette et toutes les personnes qui travaillent pour le Comité font tout pour faire connaître le travail de l’association.
Erick : Hésiter, je ne sais même pas si c’est le mot. Je pense que c’est juste parce que certain·es ne sont pas au courant. La cotisation ne représente que 0,5% des droits d’auteur. Ce n’est pas grand-chose, c’est-à-dire que sur 1 000 €, tu vas donner 5 € et ça revient à 1,70 € après déduction fiscale ! C’est naturel, on n’y pense même pas et puis un jour ça peut nous servir, ça peut servir à tout le monde. Le fait que ça ne soit pas obligatoire, ça permet de faire soi-même un geste, de se dire que chacun et chacune fait un petit effort pour les autres. C’est tellement léger comme acte que c’est presque dommage de ne pas le faire sans réfléchir. Et puis, quand je vois les personnes qui ont des besoins pendant les commissions, je vois que tout cela a du sens : ça sert à quelque chose.
Un mot de conclusion ?
Marie-Jeanne : Je dirais, tout simplement, que le Comité apporte des réponses à des besoins essentiels !
Erick : Adhérez ! Ça sert les autres et ça peut vous servir plus tard. La musique, c’est compliqué, on ne sait jamais de quoi demain sera fait.
Vous êtes sociétaire de la Sacem, mais pas encore membre du Comité du cœur ? C’est simple, ça se passe sur notre page Comment adhérer.




