J’étais un ange…Personne n’a su mieux que lui symboliser la romance hexagonale, ce mélange de chronique sociale et de tendresse amicale, celle qui raconte la vie de tous les jours, les amours et les emmerdes, les bonheurs et les tracas quotidiens. Crooner nullement crâneur, troubadour et narrateur, chantre d’une France certes profonde mais jamais superficielle, du bitume du boulevard Saint-Germain à la boue du Loir et Cher, en passant par les kermesses des bords de l’Indre, Delpech a personnifié, mieux qu’un pays, un patrimoine. Grâce à lui, Marianne a toujours été jolie. Pourtant, chez Michel, tout n’a pas toujours été aussi chouette que dans la célèbre guinguette de Laurette. Devenu star à 18 ans, il enchaîne une impressionnante série de tubes, des chansons qui parlent de chasseurs et de divorcés, de flirts et de trahisons, de nostalgie et de l’envie de changer de vie. Mais planer sur les hit-parades des sixties et des seventies, n’empêchera pas une chute d’autant plus vertigineuse : doute, séparation, trou noir, dépression, thérapie, mysticisme, remariage, rédemption, retour. Des épreuves qu’il a lui-même contées dans plusieurs autobiographies sans concessions.

Car outre l’interprète et l’homme de scène à la voix sensuelle qu’on connaît, Michel Delpech a toujours été un auteur subtil. A l’image des textes de ses chansons, sobres et pertinents, sans lyrisme grandiloquent ni simplicité démagogique. Un style que l’on retrouve dans ses derniers albums comme dans ses récents ouvrages où il se raconte avec la même franchise et la même lucidité qu’il a déployées pour combattre la maladie. J’étais un ange, chantait-il en 1990. Interprète de l’âme, artiste du feeling, « l’homme qui avait bâti sa maison sur le sable » comme il se surnommait lui-même, a construit surtout un répertoire au diapason d’une expérience et d’un vécu peu commun. L’histoire d’une vie, la sienne, mais aussi un peu la nôtre.

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