Portrait

Janko Nilovic,
prix Louis Ganne 2021 – 22

Catégorie Musique instrumentale

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Sa vie, son œuvre, Janko Nilovic se raconte pour le Comité du cœur :

Mon père, paysan, poète et musicien, natif du Monténégro, jouait la gusla (instrument monocorde du pays) et la frula (flûte en fer de berger). Natif du Monténégro, il quitta son pays pour travailler pendant 35 ans à l’ambassade d’Istanbul en Turquie (époque Ottomane). Ma mère était grecque du Pyrée et chantait des airs populaires du pays. En visite à Istanbul, elle a rencontré, je ne sais comment, mon père, ainsi je suis né par défaut à l’ambassade d’Istanbul. Cette dernière étant située dans le quartier des ambassades, j’ai côtoyé plein de jeunes de mon âge, ce qui m’a permis de parler plusieurs langues dès l’âge de cinq ans.

C’est grâce à mon père qui jouait la gusla tout en chantant à voix basse que j’ai aimé la musique. Il m’arrivait de l’écouter assis sur le plancher pendant de longs moments que j’ai aimé la musique. Lorsqu’il faisait une pause, il profitait pour écrire des poèmes écrire ses mémoires. Pendant ce temps, ma mère chantait ses airs favoris tout en préparant le déjeuner. Mon père, constatant mon attirance musicale, m’a offert un violon et une flûte de Pan. Malheureusement je l’ai perdue très tôt, très jeune. Quelques années plus tard, ma sœur aînée m’a offert un piano et les cours de musique classiques ont suivi. Mes progrès ont été rapides.

Puis à l’âge de quinze ans, j’ai découvert le jazz, le rhythm’n’blues et la soul music. À l’âge de seize ans, un ami m’a invité dans un club pour écouter un des meilleurs orchestres d’Istanbul. Il a demandé au chef d’orchestre si je pouvais faire une jam session. C’est ce que j’ai fait en jouant un standard américain et un morceau de Fat’s Domino (Blue Monday). Je ne m’attendais pas à un si grand succès mais j’ai compris pourquoi : plus de cinquante pour cent du public était américain ! Quelques minutes plus tard, le directeur du club m’a proposé de jouer tous les soirs dans son club. Ce fut le début de ma carrière professionnelle à l’âge de seize ans et demi. L’orchestre était composé de sept musiciens de haut niveau âgés (entre 40 et 50 ans), qui jouait un répertoire international, du jazz (Jonny Hodges, Duke Ellington), musique Latino (afro-cubain, tango, brésilien…). Dès l’âge de dix-sept ans, j’ai formé mon quartet de jazz & rhythm’n’blues et commencé mes premiers arrangements.

Arrivé en France en 1960, j’ai tout d’abord donné des cours de piano pour subvenir à mes besoins tout en prenant des cours d’écriture avec Julien Falk, puis en 1962, mes premiers arrangements, dont Michel Jonasz et bien d’autres, direction d’orchestre et accompagnement de chanteurs (toujours pour vivre !). En 1969, j’ai fait connaissance d’un éditeur de Librairie musicale qui m’a proposé un contrat sur 20 disques qui ont eu un succès qui dure jusqu’à nos jours (re-mastering, samplers…).

Je n’ai jamais cessé d’écrire de la musique classique (pièces pour orchestre, quatre Concertos dont le Concerto pour trombone et orchestre et le Concerto pour piano et orchestre, plusieurs Suites dont Suite balkanique et Space Suite pour ensemble de percussions, etc. Actuellement, je compose un mini-opéra italien. Quant aux samplers, Jay‑Z, Dr. Dre, Pop Smoke, Joey Bada$$, Skatta, the Beatnuts et quarante autres.

À 80 ans, je suis toujours scotché sur mon piano, mon bureau, ma plume, ma règle et ma gomme ; et vu les demandes qui affluent de tous les pays, je ne sais pas jusqu’où j’irai !

Janko Nilovic, mars 2022

Retrouvez Janko Nilovic sur ses pages Facebook ou Instagram.

Nilovic au piano. (c) Alexandre Nilovic

« Ce fut une très grande joie et une surprise de recevoir ce prix d’un compositeur et de ses héritiers généreux. Je remercie de tout cœur le Comité du cœur de me l’avoir attribué. Je félicite également ces ensembles qui perpétuent et qui font revivre régulièrement les œuvres de ce compositeur peu connu du grand public. J’ai jeté un coup d’œil sur sa biographie et son immense répertoire et j’ai particulièrement aimé “Les Saltimbanques” et bien d’autres œuvres. Comme quoi il y a toujours quelqu’un qui pense aux autres et qui a du plaisir à donner. Encore merci au Comité du cœur. »

— Janko Nilovic

Crédits photos : Nikola Vukcevic et Alexandre Nilovic.
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